APOC /  Association des Plaisanciers Ouvreurs de Coques

L'Apoc est l'association des propriétaires ouvreurs de coques ( ou comment prendre avec philosophie une fortune de mer sans conséquences humaines ) !

Didier Corfec ouvre la saison des aventures maritimes

Didier qui ne pouvait être parmi nous à la remise des pinoches s'est rappellé à notre souvenir à bord "roule ta bille" au large de Saint-Pierre et Miquelon. un chavirage et l'obligation de quitter le bord.....

Une pensée pour Didier et ses équipiers et une grosse bise de l'APOC

Le récit du skipper Pascal...

 

Bonjour a tous et un grand merci pour votre soutien a tous,

Rassurez-vous nous allons tous tres bien, nous dormons dans une cabine cinq etoiles et mangeons comme des rois. Non seulement les secouristes nous ont degages de cette mauvaise posture, mais leur accueil est merveilleux. Aujourd'hui nous (le Maersk Chancellor) allons livrer du materiel sur une plate forme petroliere puis nous rejoindrons St John sur Terre Neuve demain samedi. Nous aurons un avant gout du cyclone Katia.

Bon voici ce qui c-est passe. Nous avons quitte St Pierre et Miquelon dimanche matin, la meteo annoncee etait la suivante : Une "petite depression" centree sur le golf du St Laurent, se dirigeant sur Terre Neuve puis au sud du Groenland nous poussera avec des vents de max 35 noeuds (63 km/h), nous permettant effectivement de passer avant le passage de Katia (excusez ces familliarites avec Katia, mais a force qu'une Katia bien roulee vous cours apres...). Un seul site meteo (passageweather) annoncait le passage du cyclone sur notre route. Nous sommes donc parti avec assez de carburant pour 5 jours de moteur, et avec une bonne prevision de vent dans la bonne direction.

Cette "petite depression" avec des vents de 35 noeuds c'est transformee en grosse tempete, personne ne l'a prevu, les messages du jours precedant nous disait de nous depecher sans aller jusqu'a casser un mat pour echapper a Katia. Je finissais mon quart a minuit toutes voiles dehors, passant les commandes a Didier et Christian, apres une demi heure, ils ont du rapidement reduire la grand-voile, puis affaler l'artimon, puis enrouler le genois encore et encore, puis lutter avec des vents qui depassait les quarante noeuds. Quand j'ai repris mon quart a 6 heure, il ne restait pas plus de 2 m2 de genois. Le vent a forci toute la journee pour depasser les 50 noeuds dans l'apres-midi, le soir nous etions Didier et moi a lutter contre des deferlantes de 10m environ et une mer blanche, les cretes etants soufflees par le vent et des vagues croisees en bref une mer demontee. Vers 20h, ne pouvant plus controler les embardees du bateau a la barre, nous decidons de mettre le bateau a la cape seche (plus de voile, barre amarree et l'equipage enferme a l'interieur).

Apres un court repis d'environ 1h30 alors que chacun s'etait cale dans sa banette, le bateau a chavire de 360*. On a tous ete surpris par la violence du choc de la vague sur la coque puis de nous memes sur les parois de la cabine. La, on a eu de la chance, a par quelques bleus, on etait tous indemnes. Le mat d'artimon etait casse et menacait de casser la barre, la bome du grand mat etait cassee egalement, puis nous avons decouvert que le mat, en tombant, avait casse le tableau de bord du moteur. Apres concertation avec Didier, nous avons decides d'envoyer un Mayday et nous faire prendre en assistance.

Nous avions alors peur de chavirer plusieurs fois, ce qui n'est heureusement pas arrive. Nous avons declanche la balise Epirb, puis les deux Spot, puis alerte les secours par Iridium par le biai de Real, le papa de Christian. Les secours nous rappellaient toutes les heures pour nous informer de la progression des evenements. Un hercule C160 de la garde cotiere des USA nous a survole vers une heure du matin et a largue du materiel de survie et nous a eclaire pendant au moins 5h. Puis un petrolier l'"Unique Sunshine" a ete deroute sur nous pour nous surveiller (mais meme un petrolier ne pouvait pas nous proteger des vagues; certaines passaient par dessus). Nous devions attendre jusqu'au debut de l'apres-midi pour etre embarque par le "Maersk Chancellor". Entre temps, ayant le temps et la mer s'etant calmee, nous avons mis de l'ordre dans le bateau, ainsi que sur le pont dans l'espoir de le recuperer plus tard. Entre repos et attente, nous avons rassemble le maximum de nos effets personnels detrempes et avons proteges dans des sacs en plastiques une partie de l'electonique.

Le sauvetage a ete rapide et efficace et l'accueil sur le bateau tres chaleureux. Nous avons ete conduis a la passerelle, ou le capitaine nous attendait. Apres les formalites d'usage, il nous a montre l'anemometre du remoqueur qui affichait une vitesse de vent maximum pour la nuit du chavirage de 69,7 noeuds (125,5 km/h) !!! Nous avons donc mieux comprit le chavirage de "Roule ta bille" et l'imprecision de notre anemometre.

Didier et Pascal

 

 

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